La méthodologie est une étape primordiale dans la recherche en science sociale et en sociologie en particulier. Le cadre méthodologique dans lequel s’inscrit le chercheur permet de concrétiser son projet de chercheur et de rendre crédible les connaissances produites. Aucune recherche ne peut prétendre être scientifique si elle n’est pas inscrite dans le cadre méthodologique. C’est dans cette perspective que l’on dit souvent « science sans conscience méthodologique n’est que ruine de la recherche ». C’est donc, dans ce cadre méthodologique bien énoncé que la connaissance scientifique peut-être jugée objective par la communauté scientifique. Elle peut alors être jugée objective si elle est produite selon les règles et les normes méthodologiques. De ce fait qu’est-ce que la méthodologie en sociologie ? Autrement dit, quelle est son importance dans la recherche sociologique ?
Pour mieux appréhender notre sujet, il s’agira de montrer dans un premier temps l’approche définitionnelle de la méthodologie, ensuite ses différentes composantes et enfin son importance.
I-APPROCHE DEFINITIONNELLE
De manière générale la méthodologie peut-être définie comme l’ensemble de méthodes, de démarches et des techniques qui oriente l’élaboration de la recherche, guide la recherche scientifique, sert à faire la collecte et l’analyse des données pour une recherche précise.
Selon Emile DURKHEIM, la méthodologie se définit comme un ensemble de « procédés » dont la sociologie doit se servir pour l’étude des « faits sociaux ».
Pour jean-Claude PASSERON, la méthodologie en sociologie c’est « la combinaison de diverses méthodes d’administration de la preuve ».
II-LES DIFFERENTES COMPOSANTES DE LA METHODOLOGIE EN SOCIOLOGIE
La méthodologie dispose de plusieurs composantes à savoir la méthode, la technique et la démarche.
1-La méthode
On entend par méthode, l’ensemble des démarches précises à adopter pour arriver à un résultat.
La méthodologie dispose de deux principales méthodes, celles dites qualitative et quantitative.
1.1-L’approche qualitative est un type de recherche qui s’appuie sur des données de type récits de la vie, observation et entretien en d’autres termes, une recherche basée sur une collecte d’information non chiffrées. Elles sont aussi basées sur le recueil et témoignages individuels et la perception personnelle d’une situation, d’un phénomène et sont utilisées pour récolter des données non comptables (trajectoire, émotion). Elles consistent à produire des connaissances, à partir d’une rencontre établie entre le chercheur et l’objet à étudier.
.L’observation
C’est le premier outil de collecte de données. Elle est aussi l’action qui consiste à examiner avec soin un phénomène, car toute recherche commence par l’étape d’observation. L’observation se distingue de trois types d’observations à l’instar de l’observation directe, indirecte et participante.
Tout simplement, l’observation directe permet d’analyser en profondeur un groupe restreinte. L’observation indirecte quant à elle reste le fait de recourir à des informations engendrées par d’autres chercheurs ou acteurs sociaux. Ces données peuvent être constituées de témoignages oraux et écrits. L’observation participante consiste à étudier une société en partageant son mode de vie, en se faisant accepter par ses membres et rester actif aux activités du groupe et en leurs enjeux
.L’entretien
Il est le deuxième outil de collecte de donnée. C’est une technique qui permet de de recueillir les représentations sociales, le témoignage vivant d’acteurs et des témoins directs des faits étudiés afin d’interpréter et d’analyser les significations que les acteurs sociaux confèrent à leurs pratiques. C’est un procédé d’investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale pour recueillir les informations avec un but fixé. De manière simple l’entretien est une technique qui permet de recueillir les données sur le terrain qui, par la suite seront interprétées et analysées afin de trouver ce qui est caché derrière les mots. Il s’agit d’appréhender à travers les discours des répondants, leurs visions du monde social, C’est cette technique qu’avait utilisé Max WEBER, car il cherchait le sens que les individus donnent à leurs pratiques. L’entretien dispose de deux variantes à savoir :
-L’entretien directif : Dans cette variable de l’entretien, l’ordre et la forme des questions est importants les questions identiques pour tous les enquêtes. L’enquêteur dispose d’une liste de questions qui constituent le guide d’entretien, administré par lui-même. Pour éviter de se tromper, il va les poser pose dans l’ordre
-l’entretien semi-directif : Ce type d’entretien n’est ni complètement ouvert, ni totalement fermé. Il est utilisé pour laisser parler l’enquêté librement.
1.2-L’approche quantitative est une méthode de recherche se fondant sur une épistémologie positivisme utilisant des outils d’analyses mathématiques et statistiques, en de décrire, d’expliquer, et de prédire des phénomènes par le biais des concepts opérationnalisés sous forme de variables mesurables l’analyse quantitative de contenu est en réalité le prolongement de l’analyse qualitative.
Cette analyse quantitative expose deux principales étapes : la construction du tableaux des données et indice de ressemblance.
-Le questionnaire
L’enquête par questionnaire vise à saisir les comportements et les opinions en interrogeant des individus. Le questionnaire permet le recueil de données aussi bien objectives que subjectives qui portent sur les représentations sociales. Cet outil complète non seulement l’observation d’une réalité sociale, mais aussi il permet de vérifier les hypothèses théoriques et d’examiner les corrélations qu’inspirent ces hypothèses. C’est cette technique de collecte de données qu’avait utilisé Emile DURKHEIM en 1897 dans son étude sur le Suicide.
2-La technique La technique est un moyen mis en œuvre afin d’atteindre un but, c’est l’ensemble des procédés et d’instruments d’instigation utilisé par le sociologue sur le terrain. Les techniques de collectes de données sont nombreuses, à savoir le questionnaire, l’entretien et l’observation.
3-La démarche
Une démarche est une manière de progresser vers un but. Utilisée la démarche, consiste de décrire les principes fondamentaux à mettre en œuvre dans tout travail de recherche. Il existe plusieurs démarches, notamment deux principales : Inductive et déductive.
-La démarche inductive
Le mouvement de la pensée dans ce type de démarche, privilégie le cheminement des constations particulières, tirés d’observations de terrain, vers les concepts généraux et les lois qui les expliquent. Ce mouvement inductif repose évidemment, sur des connaissances préalables et une expérimentation personnelle qui permettent l’analyse et le dépassement de la simple description des faits observés.
-La démarche déductive
Les démarches déductives reposent sur un raisonnement qui va des lois et des principes posés comme hypothèses aux faits d’expériences
III-L’IMPORTANCE DE LA METHODOLOGIE EN SOCIOLOGIE
La méthodologie est au cœur de la science. De par sa rupture épistémologue et des trois actes de la démarche scientifique de Gaston Bachelard.
1-La rupture épistémologique.
Une rupture épistémologique désigne dans l’approche de la connaissance, le passage qui permet de connaitre réellement en rejetant certaines connaissance antérieures qu’il serait nécessaire de déduire pour que se révèle la connaissance nouvelle. Dans cette perspective, l’obstacle épistémologique que constitue le savoir du passé, que naturel, aussi que le sens commun, devraient être franchis afin qu’une vraie science apparaisse.
2-les trois actes de la démarche scientifique ou sociologique.
a) La conquête ou rupture
En science sociale, notre bagage soit « théorique » possède de nombreux piégés car une grande part de nos idées s’inspirent des apparences immédiatisâtes ou de partis pris (préjugés). Construite sur de telles prémisses revient à construire sur du sable. D’où l’importance de la rupture qui consiste précisément à rompre avec les préjugées, les fausses évidences et les “allant de soi“ qui nous donne seulement l’illusion de comprendre les choses. Ce qui exige un effort de distanciation. La rupture est donc le premier acte constitutif de la recherche en sociologie
b) La construction
La rupture ne peut s’effectuer qu’à partir d’une représentation théorique préalable qui est susceptible d’exprimer la logique que le chercheur suppose être à la base du phénomène étudié. C’est grâce à cette construction mentale que le chercheur peut prévoir l’appareillage à installer, les opérations à mettre en œuvre et les conséquences auxquelles il faut logiquement s’attendre au terme de l’observation valable. Sans cette construction théorique, il n’y aurait pas d’expérimentation valable. Le deuxième acte appelle à la construction d’une représentation théorique ou un modèle logique.
c) La constatation
Une proposition n’a droit au statut scientifique que dans la mesure où elle est susceptible d’être vérifiée par les faits. La construction ou expérimentation soumet l’hypothèse à l’épreuve des faits en mettant en œuvre les outils construits. Cette mise à l’épreuve des faits est appelée constatation ou expérimentation. Elle correspond au troisième acte de la démarche.
En sommes, il convient de retenir que la méthodologie, est au cœur de la recherche scientifique. Elle a mis en évidence des outils d’analyses à savoir celle de la méthode et de la technique. Il est important de dire ici que certains auteurs comme EMILE DURKHEIM ou JEAN-CLAUDE PASSERON ont donnés une approche définitionnelle pour expliquer ou comprendre le bon sens de la méthodologie. Aussi l’importance de la méthodologie en sociologie se résume la rendre autonome, à apporter des explications par rapport à un fait observé dans la société. La sociologie étant une science autonome ne peut pas répondre à ses besoins si elle n’est pas inclue avec la méthodologie.