Historique
Laurent Marie Biffot est le premier psycho-sociologue gabonais formé dans les universités
françaises. Chercheur à l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer
(O.R.S.T.O.M.), il effectue ses premiers contacts avec le terrain africain, notamment au Congo
Brazzaville avec Roland Devauges (1958) et au Gabon (1961).
L. M. Biffot a enseigné la sociologie et la psychologie sociale à l’université nationale dès sa
création en 1970, puis dirigé l’Institut des Recherches en Sciences Humaines (I.R.S.H.), créé en
1976, après le départ de l’O.R.S.T.O.M. du Gabon.
Au delà de nombreuses enquêtes de terrain, de plusieurs articles ronéotypés par le Centre
National de la Recherche Scientifique et Technologique (CENAREST) dans le cadre de l’Institut
de la Recherche en Sciences Humaines, L. M. Biffot aura contribué à l’émergence d’une réflexion
psycho-sociologique des problèmes engendrés.
Les pionniers de la seconde décennie post-indépendance [ 1970 – 1980 ]
A partir de 1970, une nouvelle génération de sociologues sort des Universités françaises : Jean
Ekaghba Assey (Paris V), Jean Aboughe Obame (Paris V), Nzoughet Mendome Edane (Paris V) et Jean Ferdinand (Paris V).
Comparativement aux travaux de L. M. Biffot, une approche rétrospective des travaux des
pionniers de cette génération met en lumière les caractéristiques suivantes :
• Essentiellement théorique, la sociologie de la seconde génération cherchait à résoudre les
problèmes préliminaires de méthodologie et d’épistémologie.
• En étroite liaison avec la critique de l’anthropologie classique, elle orientait davantage son
questionnement à la fois vers la sociologie dynamique qui a institué la critique de la société
coloniale et de la tradition désormais remaniée, manipulée. Puisqu’elle demeurait consciente de son caractère d’opposition à la structure sociale postcoloniale ;
• Sans récuser la pluralité des approches, les sociologues de cette génération tenaient la
sociologie pour un instrument de critique sociale, mieux comme un moyen de changer la
société.
Parmi ces quatre sociologues, deux ont pour activités principales, l’enseignement et la recherche, les autres ont exercé dans les secteurs privé et public.
Les sociologues de la troisième génération post-indépendance [ 1980 – 1990 ]
On peut distinguer quatre types de cursus en ce qui concerne les sociologues de la troisième
génération :
• les sociologues entièrement formés en France : Gaston Noël Mboumbou Ngoma
(I.E.D.E.S.), Guillaume Moutou (Tours).
• les sociologues formés au Gabon et en France : Daniel Mba Allogo (Nantes), Joseph
Moutandou Mboumba (Strasbourg), Anaclé Bissiélo (Paris VII), Jean Marie Vianney
Bouyou (Paris V), Marcel Bridon (Poitiers), Mesmin Noël Soumaho (Paris V) et Marcelle
Bisso Bika (Rouen).
• Les sociologues formés entièrement au Canada : Fidèle Pierre Nzé Nguéma (Laval).
• Les sociologues formés au Gabon (après la réforme du Département) et au Canada :
Mathieu Ekwa-Ngui, Flavien Heke Ella, Jean Pierre Ndong Ovono et Ignace Mesmin
Ngoua Nguema (Laval).
La caractéristique principale de cette génération est l’hétérogénéité des cursus. Elle se traduit, sur
le plan épistémologique, par une différence thématique et théorique très prononcée.