action collective, action concertée visant à atteindre des objectifs communs au sein d’un environnement donné.
2.LES PARADOXES DE L’ACTION COLLECTIVE
En abordant la notion d’action collective, le sociologue est amené à se demander sous quelles conditions un groupe peut décider d’agir pour défendre les intérêts de ses membres et, plus précisément, selon quelles modalités la prise de conscience des intérêts partagés est susceptible de déboucher sur une action collective.
Dans son ouvrage la Logique de l’action collective (1966), le sociologue et économiste américain Mancur Olson rappelle qu’il ne suffit pas à des individus de partager des intérêts communs (que ce soit des intérêts matériels ou symboliques) pour agir. En partant du principe que l’individu agit en fonction de son intérêt personnel (c’est la perspective de l’individualisme méthodologique), Olson conclut que chacun est logiquement incité à ne pas participer à une action collective et à laisser ce soin aux autres. En effet, l’action collective implique généralement un coût qui peut être non négligeable (perte de temps et d’argent, sanctions morales, pressions psychologiques, etc.) et, puisque les bénéfices éventuels de cette action ne dépendent pas de la participation (par exemple, la réussite d’une grève profite à tous les salariés), chacun peut être tenté de se comporter, selon Olson, en « passager clandestin » en profitant de l’investissement des autres. Pourtant des mobilisations (grèves, manifestations, etc.) ont bien lieu : c’est le « paradoxe de l’action collective », paradoxe qui nous invite à chercher la logique de l’action collective au-delà de la logique de l’action individuelle.
3.LES CONDITIONS DE L’ACTION COLLECTIVE
L’analyse des conditions d’émergence de l’action collective fait apparaître l’importance du degré et du type d’organisation du groupe mobilisable. Plus le nombre des individus formant le groupe est limité, plus la mobilisation a de chances de réussir. Chaque membre perçoit plus aisément l’importance et l’efficacité potentielle de sa participation, et la « protestation » (ou « prise de parole ») - pour reprendre les termes utilisés par l’économiste Albert Hirschman – y apparaît plus efficace que la « défection ». Dans un petit groupe, la défection est d’ailleurs davantage visible et sanctionnable et donc perçue comme plus coûteuse. La mobilisation est d’autre part plus susceptible d’émerger dans les groupes où existent des relations denses entre les membres et un fort sentiment d’appartenance, que l’on observe moins dans les grands groupes (comme les groupes de consommateurs).
L’aptitude du groupe à produire des incitations sélectives ou parfois des mesures coercitives est aussi un facteur de mobilisation : les syndicats, les partis politiques ou les associations professionnelles ont fréquemment recours à l’offre de biens individuels (distinctions, postes de responsabilité, avantages pratiques, etc.) pour obtenir des adhésions et faire accepter à leurs membres le coût de leur investissement. Enfin, toute participation ne se réduit pas à un calcul individuel des coûts et des avantages. Il ne faut pas négliger le rôle joué par les notions d’obligation morale, de solidarité et de loyauté, valeurs au nom desquelles il peut être difficile d’envisager de se soustraire à l’action du groupe