groupe, rassemblement de personnes entretenant des relations fondées sur des caractéristiques identiques ou des buts communs. Parler de groupe revient donc à aborder une structure sociale spécifique, aux multiples visages.
2. HISTORIQUE
Le terme de « groupe » est assez récent. Ses plus anciennes origines connues sont italiennes, le gruppo désignant dès la fin du XVIIe siècle la représentation d’un ensemble de sujets en peinture ou en sculpture. Au niveau politique et social, les profonds bouleversements de la seconde moitié du XVIIIe siècle consacrent la liberté individuelle. Plus autonomes, les hommes vont choisir de se regrouper davantage, pour se protéger des dangers ou produire des biens. Cette évolution sociale va nourrir les réflexions intellectuelles et révolutionnaires du XIXe siècle. Pour le philosophe et économiste Charles Fourier, par exemple, la société idéale est fondée sur l’harmonie de son organisation et de ses groupes, constitués d’individus réunis par « l’attraction passionnée ». Dans Psychologie des foules, publié en 1895, Gustave Le Bon suppose que la pensée commune, propre à la foule, atténue les différences entre les individus. À leur suite, bien d’autres théoriciens vont tâcher de comprendre comment se constituent les groupes, quelles sont leurs dynamiques internes et leur rôle dans la construction psychologique et sociale de l’individu.
3. LE GROUPE, UN OBJET SCIENTIFIQUE
Depuis deux siècles, le groupe est également devenu un objet de recherche dans les sciences humaines et sociales. La sociologie et l’anthropologie s’y intéressent naturellement, en étudiant les groupes professionnels, les ethnies, les communautés, les délinquants, les classes de maternelle…
Au niveau de la théorie psychanalytique, Sigmund Freud utilise la notion de libido, c’est-à-dire l’énergie sexuelle, pour avancer que les liens entre des individus s’établissent sous l’effet des pulsions individuelles. La force de cohésion du groupe proviendrait de l’amour unissant ses membres, et de l’agressivité qu’ils ressentent pour les autres groupes. Parallèlement à la publication de l’essai de Freud (Psychologie des masses et analyse du moi, 1921), une pensée « groupale » se développe malgré quelques détracteurs. Selon cette approche, les actions individuelles dépendraient d’un esprit collectif, d’une « pensée de groupe » dans laquelle chacun fait l’expérience de l’interdépendance et de l’entraide.
Au cours du XXe siècle, l’omniprésence des groupes dans notre vie se traduit par un nombre croissant de recherches et de réflexions théoriques les concernant. Depuis les années 1950, la dynamique des groupes est largement étudiée. À cette même époque, l’âge d’or de la psychologie sociale va profiter à l’étude des groupes.
4. LE REGARD DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE
La psychologie sociale, qui vise à comprendre les comportements de l’individu à la lumière des facteurs individuels, interpersonnels et institutionnels qui lui sont associés, octroie une place de choix à l’analyse des groupes. Grâce à de nombreuses études, les rapports entretenus par les membres du groupe sont mieux connus, ainsi que l’influence, la communication, la prise de décision, ou encore le rôle du leader. Quelques chercheurs, dans la première moitié du XXe siècle, ont été particulièrement féconds sur certaines de ces dimensions. Pour Jacob Lévy Moreno, la structure du groupe est constituée par les réseaux d’attraction et de répulsion qui existent entre ses membres et les placent dans la position du leader, populaire ou influent, d’isolé ou de paria. En étudiant les facteurs de productivité d’un groupe d’ouvrières, Elton Mayo a été surpris de constater que ce n’était pas l’amélioration des conditions matérielles de travail qui permettait un meilleur rendement, mais simplement la constitution d’un groupe solidaire avec un bon climat. C’est grâce à ses travaux que l’influence du groupe sur les comportements de ses membres fut réellement découverte. Kurt Lewin, quant à lui, a mis en évidence que l’interdépendance au sein du groupe installe une dynamique, un ensemble de forces qui fait évoluer et changer le groupe.
Les recherches en psychologie sociale abondent aujourd’hui sur ces questions, et permettent une appréhension de plus en plus fine et complète des phénomènes de groupes. Qu’est-ce qui pousse des individus à s’affilier à des groupes ? Trois modèles théoriques permettent d’y répondre : le modèle utilitaire, le modèle de la cohésion sociale et celui de l’identification sociale. Dans le premier cas, le groupe comble certains de nos besoins. Par exemple, il rassure lorsqu’on se sent anxieux ou permet d’éviter un trop grand isolement. Selon le modèle de la cohésion sociale, c’est l’attraction interpersonnelle qui est l’élément principal de la formation du groupe. Dernière explication possible, on s’associe aux individus qui rejoignent nos désirs, pour partager un objectif commun (randonnées, formation d’un orchestre…).
La division du travail chez Karl MARX. L'analyse de la division du travail tiens également une place particulière dans la pensée marxienne. Elle est un moyen de faire du profit et sert le dessein (projet) de la classe dominante, mais elle conduit aussi à la séparation entre les hommes, à la constitution des classes et à leurs conflits. MARX cherchera dans le capital à retracer l'histoire de la division capitaliste du travail. Il part de la période manufacturière, car la manufacture est le véritable point de départ de la production capitaliste, en ce sens qu'elle va rassembler les ouvriers dans le même espace de travail. Si l'habilitée de métier reste le fondement de la manufacture, chaque ouvrier y occupe une fonction parcellaire. Le développement de la division du travail dans la période manufacturière se traduit pas une subdivision des opérations productives, par une parcellisation des fon...