L'économie informelle désigne l'ensemble des activités productrices de biens et services qui échappent au regard ou à la régulation de l'État[1].
Selon une autre acception, elle peut être définie comme étant l'activité économique réalisée par le « secteur informel » (ou « secteur non structuré ») tel qu'entendu par le Bureau international du travail. Comme précisé ci-dessous, le caractère « informel » d'une activité ne doit pas être assimilé automatiquement au fait qu'elle s'exerce de façon « non marchande » (le travail au noir est rémunéré) ou de manière « illégale » (le travail domestique est bien légal).
Dans le langage courant, on parle aussi d'économie grise.
Origines et raisons d'être de l'économie informelle
Dans les économies développées Modifier
Pour certains, l'économie informelle est un simple résidu de l'économie pré-industrielle (l'économie familiale), un manque de l'État-providence et de la société des loisirs (l'économie conviviale) ou le résultat des perversions de l'économie moderne (le travail au noir).
Pour d'autres, l'économie informelle, loin de disparaître, semble jouer le rôle de soupape de sécurité des économies normalisées et être un gage de flexibilité des sociétés/dans le cadre desquelles les performances toujours plus élevées qu'on y attend n'y sont obtenues qu'au prix d'une « suradaptation », elle-même source de nouvelles rigidités.
Plusieurs facteurs sont pointés qui semblent contribuer à l'existence et au maintien du travail et du secteur informel :
le caractère simple de l'activité : facilité d’accès aux activités ; l’échelle restreinte des opérations; mise en œuvre de qualifications qui s’acquièrent de façon pratique, en dehors du système scolaire officiel ; l’utilisation de techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ;
un effet de proximité fort : utilisation de ressources disponibles localement ; importance de la structure familiale ; débouchés de l'activité assurés sur des marchés informels, échappant à tout règlement et ouverts à la concurrence.
Dans les économies en voie de développement Modifier
Le secteur informel occupe une place importante, sinon dominante :
le volet non marchand recouvre les activités domestiques au sens large, celles qui sont assurées dans un contexte traditionnel, de nature familiale ou clanique, le plus souvent rural.
le volet marchand recouvre des activités marchandes réalisées dans les périphéries urbaines ou les zones défavorisées par des individus qui s'efforcent de survivre en combattant par tous moyens à leur disposition la misère et le sous-emploi. Ces activités qui se réalisent en marge de l'économie « normale » témoignent d'une forme de créativité et de débrouillardise indéniable (recyclage de matériaux ou de produits usagés…).
Dans les économies en dysfonctionnement Modifier
Les activités « informelles » correspondent à la création et à l'existence d'une « économie grise » : elles sont favorisées par l'existence de dysfonctionnements résultant d'un contexte structurel ou des pratiques de certains agents économiques.
Dans les économies planifiées, cette économie « intermédiaire » peut être largement tolérée dans la mesure où les pratiques qu'elle suppose sont censées contourner ou remédier aux dysfonctionnements (rigidités et pénuries) du système de gestion officiel.
Dans tous les régimes économiques, y compris en économie de marché, certains agents peuvent tirer parti de leur position ou de leur situation pour en tirer profit : la finalité et le fonctionnement des activités peuvent être détournés par des pratiques de corruption, d'entente, d'abus de position dominante ou de détournement.