Sociologie de l'éducation
La sociologie de l'éducation est un des domaines de la sociologie qui pour objectif d’étudier les processus de socialisation scolaire, les déterminants sociaux des résultats et des destins scolaires, les rapports pédagogiques, les caractéristiques des institutions et du personnel éducatif.
Définition
La sociologie de l’éducation représente l’approche scientifique de l’éducation comme phénomène social. Sa première fonction est d’étudier les relations éducatives, les rôles éducatifs, les groupes éducatifs, dans différentes sociétés, passées et présentes, dans le monde entier.
Les méthodes utilisées sont celles de la macrosociologie (par exemple par Pierre Bourdieu) permettant une réflexion sur l'institution école et celles de la microsociologie ː étude d'un établissement scolaire, d'une classe, de la relation entre l'élève et l'éducateur.
Certains sociologues limitent le champ de la sociologie de l'éducation aux situations dans lesquelles il y a l'intervention d'un éducateur, alors que d'autres embrassent d'autres situations (Paul Durning ː éducation familiale. acteurs, processus, enjeux, PUF, 1995 ou Daniel Gayet Les Pratiques éducatives des familles, PUF, 2004).
Histoire
Après Émile Durkheim, ce sont Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont vraiment donné naissance à la sociologie de l'éducation.
Discipline ancienne, elle compte actuellement deux écoles principales, l'école de Pierre Bourdieu et l'école de Raymond Boudon.
La théorie « conflictualiste » et la théorie « externaliste »
Les théories de Pierre Bourdieu sont qualifiées de conflictualistes tout comme celles de Bernard Lahire ou de Baudelot-Establet ; on les oppose (mais se complètent) aux théories externalistes de Boudon.
Chez le premier, ce sont les rapports sociaux qui détermineront l'orientation scolaire, la réussite ou l'échec. L'origine sociale a une importance mais pas uniquement. Il parle de l'école comme "Machine de reproduction des inégalités" ; le second considère que les individus sont des êtres libres et rationnels qui font des calculs coûts/avantages pour s'orienter. L'origine sociale ne jouerait ici qu'en tant que facteur économique. Cependant Berthelot souhaite dépasser ce conflit et explique que les parents sont libres de leur choix mais qu'il existe des surdéterminations : temporelles, géographiques et positionnelles.
Les interactions des enfants et de la société
Pour Jean Piaget, ce qui est intéressant d'étudier en sociologie de l'éducation, c'est l'ensemble des interactions des enfants et de la société dans laquelle ils évoluent. Les enfants connaissent une évolution par alternance d'étapes successives, de ruptures et de rétablissements. Il s'agit de passages de phases d'équilibre à des phases de déséquilibre pour reconnaître ensuite une stabilisation. On parle de fonctionnement "homéostatique" pour désigner le mécanisme par lequel les êtres humains changent et évoluent. Pour Piaget, la socialisation correspond à un processus actif d'adaptation discontinue à l'environnement et à des formes mentales ou sociales de plus en plus complexes. Cette vision est assez éloignée de celle de Durkheim qui conçoit la socialisation comme un continuum. La notion de structure est importante chez Piaget. Pour lui, la structure mentale est principalement la résultante de deux dimensions : cognitive et affective. L'adaptation de l'individu se réalise à travers deux mouvements : l'assimilation (incorporation) et l'accommodation (ajustement des structures).
On peut distinguer 4 grandes étapes dans ce développement :
le passage du respect absolu (parents-enfant) au respect mutuel (parents-enfant/enfant-parents) ;
le passage de l'obéissance personnalisée au sentiment de la règle (notion de contrat, de norme sociale, d'accord mutuel, etc.) ;
le passage de l'hétéronomie totale à l'autonomie réciproque (camaraderie) ;
le passage de l'énergie à la volonté (différenciation du devoir et du plaisir).
Lautrey reprendra les thèses de Piaget pour expliquer les liens entre la position sociale des parents et la réussite scolaire de l'enfant ; il s'intéresse aux règles souples (familles aisées), aux règles faibles (familles de classe populaire), aux règles rigides (familles de classe moyenne).