Accéder au contenu principal

Bronislaw Malinowski

Bronislaw Malinowski

1PRÉSENTATION
Bronislaw Malinowski (1884-1942), anthropologue britannique d’origine polonaise, théoricien de la méthode de l’observation participante.
Bronislaw Malinowski est le fondateur du fonctionnalisme, qui affirme que les institutions humaines doivent être examinées dans le contexte global de leur culture. Il reste jusqu’à aujourd’hui l’une des influences majeures de l’anthropologie culturelle britannique et américaine, malgré de nombreuses remises en cause.
2DES MATHÉMATIQUES AUX ÎLES TROBRIAND
Né à Cracovie (en Pologne), Bronislaw Kaspar Malinowski suit des études scientifiques, et obtient en 1908 un doctorat de mathématiques et sciences physiques à l’université de Cracovie. Il part ensuite pour Leipzig, où il se tourne vers l’anthropologie, notamment au travers des travaux de James Frazer et de sa rencontre avec le psychologue Wilhelm Wundt. Il s’établit à Londres en 1910, où il s’inscrit à la London School of Economics et travaille en liaison avec un pionnier de l’anthropologie « de terrain », Charles G. Seligman (1873-1940) ; il rencontre également les anthropologues Alfred Radcliffe-Brown et Edvard Westermarck.
En 1914, avec l’aide de Charles Seligman, il participe à une expédition en Nouvelle-Guinée : après un premier séjour chez les Mailu, au sud de l’île, il séjourne ensuite dans l’archipel des Trobriand (situé au nord-est de l’île) de 1915 à 1918. Il se livre à une étude très précise de la culture trobriandaise, dont il rend compte dans deux ouvrages, les Îles Trobriand (The Trobriand Islands, 1915) et surtout son chef-d’œuvre, qui l’impose comme une figure majeure de l’ethnologie : les Argonautes du Pacifique occidental (Argonauts of the Western Pacific. An Account of Native Enterprise and Adventure in the Archipelagoes of Melanesian New Guinea, 1922). Il y décrit un mécanisme original d’échange économique entre les îles de l’archipel, la kula.
Bronislaw Malinowski commence à enseigner à l’université de Londres en 1924 et devient professeur d’anthropologie sociale en 1927. Entre 1939 et 1942, il est professeur associé à l’université Yale. Ses recherches sur la formation de la culture humaine l’amènent à voyager en Afrique du Sud et en Afrique de l’Ouest, en Amérique centrale (Mexique) et dans certaines régions des États-Unis. Il meurt avant d’avoir pu utiliser les notes prises lors de son terrain, entre 1940 et 1941, chez les Zapotèques d’Oaxaca (Mexique).
3UN APPORT ESSENTIEL À L’ANTHROPOLOGIE SOCIALE ET CULTURELLE
3.1Une nouvelle méthode : l’observation participante
Bronislaw Malinowski, lors de ses terrains en Mélanésie, met en œuvre une méthode particulière d’observation, énoncée plus d’un siècle auparavant par la Société des observateurs de l’homme, une société savante fondée à la fin du XVIIIe siècle par le groupe des Idéologues : l’observation participante (dite aussi « méthode de l’observateur participant », de l’anglais participant-observer). Le principe essentiel de cette méthode a été défini par le philosophe De Gerando : « Le premier moyen pour bien connaître les sauvages est en quelque sorte de devenir l’un deux. » Dans l’application de ce principe, l’observation participante requiert donc tout d’abord de l’ethnologue de se défaire de sa propre culture, de ses préconceptions et préjugés ; il lui faut ensuite qu’il s’intègre au groupe étudié, en en apprenant la langue et en en partageant la vie quotidienne ; les faits relatés doivent l’être dans le cadre d’un constat, et non pas d’une information rapportée ; enfin, l’ethnographe doit distinguer entre la coutume théorique, la coutume réellement pratiquée, et l’interprétation faite par le groupe de cette coutume.
3.2Un nouveau schéma d’intelligibilité : le fonctionnalisme
L’analyse que conduit Bronislaw Malinowski sur la culture des îles Trobriand est à la base de sa théorie dite fonctionnaliste, explicitée et étayée tout au long de son œuvre. Concevant la culture comme un phénomène universel, il veut définir un schéma d’interprétation qui permette une étude comparative des sociétés et surtout qui prenne en compte tous les faits. Ses monographies, qui rompent avec le style ampoulé et muséographique des études ethnologiques contemporaines par l’abondance de détails, le style alerte et la diversité des données présentées, sont des supports efficaces au service de sa théorie fonctionnaliste : l’étude d’une société doit prendre en compte tous les éléments et tenter de leur donner une cohérence, l’idée maîtresse étant que tous ces faits fassent sens les uns par rapport aux autres. Dans cette collecte exhaustive des faits, il est ainsi amené à traiter de sujets rarement abordés, comme la sexualité (la Sexualité et sa répression dans les sociétés primitives [Sex and Repression in Savage Society, 1927]) ; la Vie sexuelle des Sauvages du Nord-Ouest de la Mélanésie [The Sexual Life of Savages in North-Eastern Melanesia, 1929]) ; il est d’ailleurs l’un des premiers anthropologues à s’intéresser à la sexologie, notamment auprès du médecin Havelock Ellis, pionner dans ce domaine, et à mêler anthropologie et psychanalyse. Il défriche également le champ juridique (le Crime et la coutume dans les sociétés primitives in Trois essais sur la vie sociale des primitifs [Crime and Custom in Savage Society, 1926]).
Bronislaw Malinowski s’intéresse également aux relations que des cultures différentes nouent entre elles, et sur la manière dont interagissent les modèles et structures de chacune (dégageant le concept d’acculturation) ; la conséquence méthodologique est de permettre à l’ethnologie de saisir et d’analyser, de manière dynamique, les conflits et tensions d’une société, et la façon dont celle-ci s’y ajuste. Plusieurs livres traitent de cette problématique, en particulier les Jardins de corail (Coral Gardens and their Magic, 1935), les Dynamiques de l’évolution culturelle (The Dynamics of Culture Change, posth. 1945) et Magic, Science and Religion (« magie, science et religion », posth. 1948).
Critiqué par les structuralistes, notamment par Claude Lévi-Strauss, le fonctionnalisme connaît un renouveau dans les années 1950, notamment avec le sociologue américain R. K. Merton.

Posts les plus consultés de ce blog

La division du travail chez Karl Marx

La division du travail chez Karl MARX. L'analyse de la division du travail tiens également une place particulière dans la pensée marxienne. Elle est un moyen de faire du profit et sert le dessein (projet) de la classe dominante, mais elle conduit aussi à la séparation entre les hommes, à la constitution des classes et à leurs conflits. MARX cherchera dans le capital à retracer l'histoire de la division capitaliste du travail. Il part de la période manufacturière, car la manufacture est le véritable point de départ de la production capitaliste, en ce sens qu'elle va rassembler les ouvriers dans le même espace de travail. Si l'habilitée de métier reste le fondement de la manufacture, chaque ouvrier y occupe une fonction parcellaire. Le développement de la division du travail dans la période manufacturière se traduit pas une subdivision des opérations productives, par une parcellisation des fon...

Traiter les faits sociaux comme des choses (Fabien Bekale)

          Dans Les règles de la méthode sociologique, œuvre écrite en 1895 par Emile Durkheim, sociologue français du XIXe siècle, l’auteur résume l’objet de la sociologie et la méthode à appliquer pour pratiquer cette discipline. Dans cet ouvrage, le projet sociologique de l’auteur, considéré comme le père de la sociologie française, apparait clairement. Il cherche en effet à fonder la sociologie comme une science nouvelle et à l’établir institutionnellement ; ce livre répond à cette ambition ou il définit les règles méthodologiques à suivre pour une étude sociologique. La première règle et la plus fondamentale résulte de l’idée selon laquelle « il faut traiter les faits sociaux comme les choses ». Il s’agira d’abord de définir le concept de fait social...

Classe sociale, Marx, Weber et Bourdieu.

Karl Marx 1818 - 1883 Grâce à son analyse de la société industrialisée et capitaliste, Karl Marx a mis en évidence l’existence de classes sociales, groupements d’individus partageant des intérets communs. Les deux principales classes sont la bourgeoisie capitaliste : personnes disposant du capital et propriétaires des moyens de productions, qui ont donc le pouvoir d’embaucher les prolétaires : personnes n’ayant que leur force de travail et qui sont exploitées et dominées économiquement par les bourgeois. Ces deux classes opposées et irréductibles constituent une approche bipolaire de la société. Marx distingue donc une classe sociale grâce à trois critères : sa place dans les rapports de production (« en soi »), le sentiment d’appartenance à un groupe ayant des intérets communs ou conscience de classe (« pour soi ») et les rapports conflictuels qu’elle entretient avec les autres classes. Enfin, Marx élabore son analyse selon une démarche holiste d’après laquelle le comportement des ind...

Trois critères de la classe sociale selon Karl Marx

Trois critères de la classe sociale selon Karl Marx -La place dans les rapports de productions. Les membres d'une même classe partagent la même place dans les rapports de production c'est à dire avec un rôle particulier des productions des circulations et de la distribution des richesses. -La participation aux antagonismes sociaux, car selon Marx "c'est dans la lutte et par elle que les classes se constituent, se structurent, prennent conscience d'ellesmêmes". -La conscience de classe est un sentiment d'appartenance à une classe sociale liée à l'existence d'intérêts communs. Surtout la conscience de classe des prolétaires qui se développera avec la lutte des classes. La pensée de Marx est une interprétation du caractère contradictoire et antagoniste de la société capitaliste. Il existe en effet deux (2) formes de contradictions: -entre la force de production et rapport de production: la bourge...

Emile Durkheim déterminisme ou holisme?

Durkheim le déterministe ? Durkheim l'holiste ? Durkheim fut à maintes reprises accusé de déterminisme et d'holisme (Raymond Aron en particulier attaquerait l'holisme supposé de Durkheim) à cause de ses positions et sa méthodologie. D'autres critiques vont aussi loin en affirmant que Durkheim est anti-individuel, et qu'il ne laisse aucune place à l'individu dans ses théories. Dans ce sens, Durkheim est souvent comparé à Max Weber, qui privilégie l'individu dans ses analyses87. En effet, quelle liberté reste-t-il à l'homme dans l'œuvre de Durkheim ? Quelle est la place de l'individu dans l'œuvre de Durkheim ? Bien que Durkheim tentait d'expliquer les phénomènes sociaux à partir des collectivités, il laisse bien la place aux individus et au libre arbitre dans ses théories et ses analyses, et les accusations de déterminisme ou de holisme manquent de prendre en compte et interpr...