sir Edward Burnett Tylor
1 PRÉSENTATION
Tylor, sir Edward Burnett (1832-1917), anthropologue britannique, dont les travaux ont fondé l’anthropologie culturelle.
2 UN BRILLANT AUTODIDACTE
Né à Camberwell, dans l’agglomération de Londres, Edward Burnett Tylor grandit dans une famille de quakers, et ne peut étudier à l’université, réservée aux fidèles de l’Église anglicane. Atteint de tuberculose, il part en convalescence en Amérique centrale, où il se découvre un intérêt marqué pour les cultures étrangères.
À la faveur d’une rencontre avec l’ethnologue britannique Henry Christy lors de ses pérégrinations, il accompagne celui-ci au Mexique pour un périple de six mois, dont, à son retour en Angleterre, il tire son premier livre Anahuac, or Mexico and the Mexicans, ancient and modern (« Anahuac, ou le Mexique et les Mexicains, anciens et modernes », 1861). Ses travaux ultérieurs, tels Researches into the Early History of Mankind (« Recherches sur les débuts de l’histoire de l’humanité », 1865), Primitive culture (la Civilisation primitive, 1871) et Anthropology: an Introduction to the Study of Man and Civilisation (« Anthropologie : une introduction à l’étude de l’homme et de la civilisation », 1881), lui permettent d’obtenir le poste de conservateur du musée d’Oxford puis, en 1884, celui de lecteur de l’université d’Oxford. En 1896, il est nommé professeur et devient le premier titulaire de la chaire d’anthropologie de l’université d’Oxford, qu’il conserve jusqu’en 1909. Président de l’Anthropological Society (future Royal Anthropological Society), il est anobli par le roi George V en 1912.
3 DES AVANCÉES FONDATRICES
3.1 Une nouvelle conception de la culture
C’est par l’ouvrage la Civilisation primitive (1871) que Tylor laisse une empreinte profonde dans cette science jeune qu’est l’anthropologie. Avec sa définition de la culture, ancrée dans la théorie évolutionniste, il propose de fait un objet d’étude universel : « La culture est un ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l’art, le droit, la morale, les coutumes et toutes les autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en tant que membre d’une société ».
Cette définition, qui insiste sur le rôle primordial de l’apprentissage, induit également une étude comparative « des » cultures humaines. Tylor est le premier à aborder les faits culturels dans leur ensemble et leur systématisme ; il prend ainsi ses distances avec la théorie « radicale » de l’évolution linéaire, incarnée par Lewis Morgan. Considérant que l’intellect humain est universel, il défend l’idée de stades d’évolution plutôt que d’une nature différente entre sociétés « primitives » et sociétés « civilisées ».
3.2 L’« inventeur » de l’animisme
Tylor se penche sur la religion, plus précisément sur l’origine de la religion, et crée le terme animisme (du latin anima, « âme ») pour désigner ce qu’il considère comme la forme primitive de la croyance. Dans une perspective évolutionniste, il cherche à mettre en évidence des stades d’évolution culturelle, dégageant également le concept de « survivances » — des vestiges de stades culturels antérieurs qui n’ont plus de signification — pour expliquer la pérennité d’éléments « archaïques » dans des systèmes élaborés. Cette théorie des survivances est complétée par l’idée de la diffusion entre cultures (le diffusionnisme), piste féconde développée plus tard par Franz Boas et A. L. Kroeber.
3.3 Une méthodologie « scientifique »
La méthodologie de Tylor vise à étudier le plus grand nombre de cultures pour en comparer les formes. Il développe donc une méthodologie originale et rigoureuse, en s’appuyant notamment sur la méthode des probabilités empruntée à la statistique : collecte large et systématique des documents et des faits, analyse comparative, et recherche des corrélations et des fréquences des faits. Cette démarche donne à l’anthropologie une base scientifique fondée sur une analyse rigoureuse qui, bien que largement critiquée par la suite, est devenue un outil fondamental de l’anthropologie.