Raymond Aron
Aron (1905-1983), philosophe et sociologue français dont l’œuvre a servi de modèle à des générations d’analystes et de politiciens.
Né à Paris, Raymond Aron entre à l’École normale supérieure où il fait la connaissance de Jean-Paul Sartre et de Paul Nizan. Lors d’un séjour à Cologne, en 1930-1931, il découvre la sociologie de Max Weber. Après avoir rédigé en 1938 une thèse intitulée Introduction à la philosophie de l’histoire, il enseigne à Bordeaux puis s’embarque pour Londres où il devient directeur de la France libre, journal créé sous l’impulsion du général de Gaulle.
De retour à Paris à la Libération, Aron enseigne à l’École nationale d’administration, et entre comme éditorialiste à Combat en 1946, puis au Figaro en 1947, fonction qu’il occupera jusqu’en 1977. Son adhésion au Rassemblement du peuple français (RPF), en 1948, lui vaut de se brouiller avec Sartre au sein de l’équipe des Temps modernes, à propos du régime soviétique et de l’idée de la gauche qu’ils veulent promouvoir. Il publie à ce propos, en 1955, l’Opium des intellectuels, ouvrage politique des plus influents de l’après-guerre. Nommé la même année à la chaire de sociologie à la Sorbonne, Aron partage le reste de sa vie entre la réflexion et le journalisme.
La pensée d’Aron concilie donc deux domaines : la philosophie et la sociologie, cette dernière étant fortement influencée par la démarche de Max Weber, qu’il a contribué à faire connaître en France, et dont il a révélé l’apport, en même temps que celui de Tocqueville (les Étapes de la pensée sociologique, 1967).
Tandis que, dans sa philosophie, Aron s’attache à analyser la condition historique de l’homme, il cherche, dans son œuvre sociologique, à comprendre les événements historiques à la lumière de la compréhension des acteurs eux-mêmes qui les ont accomplis, et du récit qu’ils en effectuent (Dimensions de la conscience historique, 1960). Parallèlement, Aron s’interroge sur les rapports qui s’établissent entre la structure sociale et le régime politique dans les sociétés industrielles (Dix-Huit Leçons sur la société industrielle, 1962). Opposé aux conceptions démocratiques proposées par les régimes de l’Est (Démocratie et Totalitarisme, 1965), il a réfléchi sur la bipolarité du monde contemporain, entre l’Est et l’Ouest, dans son livre Penser la guerre. Clausewitz (1976).