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Somme théologique

Somme théologique [saint Thomas d'Aquin]

1 PRÉSENTATION
Somme théologique [saint Thomas d'Aquin], en latin Summa Theologiae, ouvrage écrit par saint Thomas d’Aquin à partir de 1266, alors qu’il enseigne à Rome (couvent Sainte-Sabine, 1265-1267), poursuivi à Viterbe puis à Paris. La Somme théologique demeure inachevée : la mort de son auteur en 1274 en prive la dernière partie des questions eschatologiques par lesquelles il se proposait de terminer l’ouvrage.
2 SCOLASTIQUE ET PÉDAGOGIE
Bien que la célébrité de l’œuvre en ait rendu le titre familier, les termes qui composent celui-ci demandent à être précisés. Par opposition aux compilations d’auteurs anciens, aux florilèges d’autorités et aux Commentaires des sentences, summa désigne dans le vocabulaire scolastique du XIIe siècle un recueil concis, complet et synthétique d’un corps de doctrine quelconque. Son caractère organique et son but pédagogique s’accentuent au XIIIe siècle.
Le terme de theologia, à l’époque où écrit saint Thomas et dans le sens où il l’emploie, constitue quasiment un néologisme. On attribue généralement à Abélard l’origine de son sens moderne ; auparavant, il désignait de préférence la science des auteurs païens. La théologie n’est pas alors, comme on l’entend aujourd’hui, l’étude de l’Écriture sainte et du contenu de la foi, mais l’Écriture elle-même. Dans la langue du XIIIe siècle, Écriture sainte, théologie et sacra doctrina (terme employé plus fréquemment que theologia) sont la plupart du temps synonymes.
La Somme théologique organise donc le contenu révélé de l’Écriture et ce titre illustre le dessein de saint Thomas, qu’il expose dans le prologue. Il s’agit d’un ouvrage scolaire, au sens fort que la scolastique a donné à ce mot, destiné à l’usage des commençants : « notre propos dans cet ouvrage est de traiter de ce qui touche à la religion chrétienne sur le mode qui convient à l’instruction des débutants ».
3 « LA CATHÉDRALE »
Le mode de l’exposition est essentiel au projet et en produit l’intelligibilité. Il est emprunté au schéma platonicien d’exitus et de reditus : sortie et retour de toutes choses à leur principe, Dieu. Aussi la Somme est-elle divisée en trois parties : la Prima Pars considère Dieu en lui-même comme principe de toute créature, comme trinité, créateur et providence. La Secunda Pars traite du retour des créatures et plus particulièrement de l’homme ; elle se compose de deux sections (Prima Secundae, Ia-IIae ; Secunda Secundae, IIa-IIae). La première étudie la félicité et l’ordre de la vita activa. La seconde analyse l’activité intellective et volitive de l’Homme. Comme le retour des créatures à leur principe demande un moyen (le Christ), une Tertia Pars christologique complète l’ouvrage, sans que cette division ternaire n’abolisse la structure, en apparence duelle, du couple émanation-réduction.
Cette architecture rigoureuse, qui regroupe 512 questions en 2 669 articles, a souvent fait comparer la Somme théologique à une cathédrale gothique, et même si Heidegger récuse ce lieu commun, des essais tels que celui d’Erwin Panofsky dans Architecture gothique et pensée scolastique renouvellent l’approche d’un mode d’exposition que saint Thomas porta à son point de perfection.
Si les considérations théologiques commandent le sens de cette œuvre, la mise en œuvre magistrale et presque exhaustive des concepts philosophiques dans l’exposé déductif des vérités révélées place la Somme théologique parmi les œuvres majeures de l’histoire de la philosophie.

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