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Echec scolaire

Echec scolaire

1 PRÉSENTATION
échec scolaire, non-aboutissement du projet de scolarisation d’un élève, que ce projet ait été préalablement défini par la société ou imaginé par les parents ou la cellule familiale.

2 QU’EST-CE QUE L’ÉCHEC SCOLAIRE ?

La notion d’échec scolaire est une notion relativement récente, difficile à définir dans l’absolu puisqu'elle est liée au contexte social et historique dans lequel la question est posée. Elle dépend de l’objectif que la société s’est fixé à un moment donné, en termes de durée de scolarisation et de niveau de diplôme à atteindre. Pour aborder la question de l'échec scolaire, il faut avoir en tête les différentes composantes de ce phénomène. L'échec scolaire se manifeste à travers :

• des difficultés que peuvent présenter certains élèves à s’adapter à l’école, à son fonctionnement ;
• des difficultés à acquérir les connaissances scolaires de base ;
• des difficultés se manifestant au moment du passage d'un niveau d'enseignement à un autre (de l'école au collège, du collège au lycée, etc.).
Ces difficultés, si elles persistent, aboutissent souvent à :

• des retards scolaires importants ;
• des orientations vers des filières non désirées ou moins valorisantes ;
• des échecs aux évaluations ou aux examens ;
• une sortie du système scolaire sans diplôme ;
• des difficultés à trouver un emploi ;
• des difficultés à s'insérer socialement.

3 QUELQUES CHIFFRES SUR L'ÉCHEC SCOLAIRE

Deux indicateurs principaux sont souvent utilisés par les statisticiens de l'éducation pour essayer de chiffrer le poids de l'échec scolaire. Ce sont le nombre de redoublements et les résultats aux évaluations.
Le taux d'élèves en difficulté à l'entrée en sixième a été mesuré à l'aide de trois indicateurs :

• l'âge de l'entrée en sixième (comme indicateur des redoublements) ;
• la note obtenue en mathématiques à l'évaluation du début de la sixième ;
• la note obtenue en français à l'évaluation du début de la sixième.
Selon les chiffres de 1990, 10,5 p. 100 des élèves sont considérés en « grande difficulté » parce qu'abordant la sixième avec un ou deux ans de retard et de mauvais résultats en mathématiques et en français. À l'évaluation de 1997, 9,6 p. 100 des élèves ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture et en calcul (8,4 p. 100 en 1996). C'est donc près d'un élève sur dix qui entre au collège en situation difficile sur le plan de l'acquisition des connaissances de base.
La sortie de la scolarité obligatoire sans diplôme ni qualification est également un autre signe d'échec scolaire. C'est le cas de 8 p. 100 des élèves entrés en sixième en 1989.

4 QUI SONT LES ÉLÈVES QUI ÉCHOUENT ?

Les premières approches de l’échec scolaire mettent en cause les capacités de l’élève, cependant les explications par le déficit intellectuel ne recouvrent qu’une infime partie du phénomène. On préfère réserver le terme d'échec scolaire pour qualifier l'état d'insuccès scolaire d'élèves ayant par ailleurs un niveau de développement intellectuel normal.
Dans les années soixante et soixante-dix, des données statistiques font état d’une corrélation importante entre l’échec des élèves, « mesuré » par le nombre de redoublements dans la scolarité à l’école élémentaire et la catégorie socioprofessionnelle des parents.
Si le redoublement d’une classe n’est pas à coup sûr le signe avant-coureur d’un échec scolaire à venir, il est, surtout s’il se produit dans les premières années de la scolarité, le signe d’une difficulté qui peut se transformer en échec scolaire.
Parmi les facteurs purement scolaires de la réussite ou de la non-réussite scolaire, il faut citer en priorité le temps de scolarisation à l’école maternelle et les redoublements de classes à l’école élémentaire. Plus les enfants sont scolarisés tôt, moins ils risquent d’être confrontés à des problèmes d’échec scolaire. Alors que l'âge de la scolarité obligatoire est fixée à 6 ans, tous les enfants de 5 ans en réalité sont scolarisés et presque tous ceux de 3 ans. La tendance actuelle est de scolariser les enfants dès l’âge de 2 ans.
Les taux de redoublement ont beaucoup baissé : ils étaient de 7,4 p. 100 en 1995 pour le CP, de 20,7 p. 100 en 1970 et de 22,1 p. 100 en 1960. Cependant, dans le même temps, l’allongement de la durée de l’obligation scolaire fait que ce taux est considéré comme trop élevé : ces redoublants sont des élèves potentiellement en échec. Ces échecs vont se manifester au collège dans les proportions citées plus haut. Certains résultats de recherche amènent à proposer l’abandon des redoublements. Ceux-ci seraient en effet plus nocifs qu’efficaces. D’ailleurs certains pays d’Europe ont d’ores et déjà abandonné cette pratique.
Parmi les autres facteurs jouant un rôle dans l'échec ou la réussite scolaire, on a pu identifier les facteurs suivants :

• profession des parents ;
• niveau d’études des parents ;
• composition et structure de la famille.
Si l'on reprend comme indicateur les niveaux de performance aux épreuves de français et de mathématiques en début de sixième, on s'aperçoit que le facteur qui influence le plus les résultats, après celui de l'âge d’entrée au collège, est l'origine sociale des élèves.
De même, le niveau d'études des parents est un facteur important de réussite ou d'échec scolaire. D'une part, les parents les plus diplômés ont une connaissance plus approfondie des us et coutumes scolaires et, d'autre part, ils sont plus à même d'aider leurs enfants en cas de difficulté.
Selon des chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) datant de 1994 :

• un écolier dont le père est diplômé de l'enseignement supérieur est aidé à la maison environ 13 heures par mois ;
• un écolier dont le père est sans diplôme est aidé à la maison environ 11,8 heures par mois ;
• un lycéen dont le père est diplômé de l'enseignement supérieur est aidé à la maison environ 7,7 heures par mois ;
• un lycéen dont le père est sans diplôme est aidé à la maison environ 3,9 heures par mois.
Un autre chiffre à prendre en compte — et qui permet de mieux comprendre le problème de l'échec scolaire — est celui qui concerne la structure de la famille. Selon une étude de 1993, parmi les élèves en difficulté au collège, on trouve 25 p. 100 d'élèves dont les parents sont séparés ou ont divorcé.

5 COMMENT COMBATTRE L'ÉCHEC SCOLAIRE ?

Depuis la généralisation de l'obligation scolaire, parents, enseignants et élus sont confrontés au problème de l'échec scolaire et donc à celui de la recherche des méthodes et des dispositifs susceptibles d'en limiter les effets. Les moyens utilisés vont des solutions individuelles, tel le recours aux cours particuliers, jusqu'aux solutions politiques que sont les réformes de l'enseignement.
Sous le terme d'accompagnement scolaire, on entend les « actions spécifiques dont le but explicite et essentiel est de venir en aide aux écoliers et aux collégiens dans leur parcours scolaire » (circulaire interministérielle de 1992). Ces actions sont menées au niveau local (école, collège) et comprennent les études dirigées, les activités éducatives périscolaires ou les « aides aux devoirs » mises en place grâce au bénévolat.
On peut aussi citer parmi les dispositifs de soutien les réseaux d'aide spécialisée qui interviennent, depuis 1990, dans les écoles maternelles et élémentaires « auprès d'élèves en difficulté scolaire, globale ou particulière » avec pour objectif de permettre notamment aux élèves de retrouver « l'efficience dans les différents apprentissages et activités proposés par l'école ». Les interventions se font individuellement ou en très petits groupes, sur un temps limité prélevé sur le temps de classe.
Autre dispositif intéressant, les classes passerelles à effectifs réduits, où les cursus sont aménagés sur trois ans au lieu de deux, permettant le travail de groupe et la pédagogie différenciée.
Toutes les réformes de l'enseignement visent plus ou moins explicitement à réduire l'échec scolaire.
La loi de 1989, qui met en place l'organisation des apprentissages en cycles, insiste sur la nécessité de penser l'enseignement sur le long terme.
Le dernier dispositif d'envergure de lutte contre l'échec scolaire a été la mise en place à partir de 1982 des « zones d'éducation prioritaire », définies à partir de données socio-économiques. Les collèges et les écoles d'une même zone participent à un projet de zone. Des moyens supplémentaires permettent la mise en œuvre du projet auquel sont associés enseignants, parents, élus, associations et responsables pédagogiques. Ce dispositif a été relancé en 1998.
Alors que la scolarisation est de plus en plus précoce, que la durée des études s'allonge, que les taux de réussite au baccalauréat augmentent régulièrement, l'échec scolaire devient de moins en moins tolérable aux élèves et à leurs parents qui y sont confrontés.

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