Accéder au contenu principal

Emile Durkheim

Emile Durkheim

1 PRÉSENTATION

Durkheim (1858-1917), sociologue français, un des fondateurs de la sociologie moderne.

2 LE PÈRE FONDATEUR DE L’ÉCOLE FRANÇAISE DE SOCIOLOGIE

Né à Épinal, Émile Durkheim appartient à une brillante lignée de rabbins érudits. En 1878, il entre à l'École normale supérieure (ENS), où il est le condisciple de Jaurès et de Bergson. À sa sortie, en 1882, il enseigne le droit et la philosophie. Nommé professeur de pédagogie et de science sociale à la faculté des lettres de Bordeaux en 1887, il commence la rédaction de ses ouvrages. Avec le concours du philosophe français Célestin Bouglé, il fonde en 1896 la revue l’Année sociologique, qui devient le point de ralliement de jeunes universitaires et philosophes (souvent anciens élèves de l’ENS) désireux d’explorer de nouveaux champs intellectuels. Le but avoué de Durkheim est de contribuer au développement d’une nouvelle science objective du social, rigoureuse et professionnelle, conforme au modèle des autres sciences. Le premier volume est publié en 1898 (le douzième et dernier le sera en 1913). En 1902, il est nommé suppléant de Ferdinand Buisson à la chaire de sciences de l’éducation de la Sorbonne, dont il devient titulaire en 1906. En 1913, cette chaire prend le titre de « chaire de sociologie ».

3 LA SPÉCIFICITÉ DU FAIT SOCIAL

Formé à l'école du positivisme, Émile Durkheim définit la spécificité du fait social, c'est-à-dire l'indépendance du groupe par rapport aux hommes et, comme tel, non réductible à la somme des caractéristiques et des comportements individuels et pouvant donc, à ce titre, imposer une contrainte à l'individu. Extériorité et contrainte caractérisent donc le fait social. Cette thèse fait de lui le véritable fondateur de la sociologie. Le même esprit positiviste le conduit à adopter une conception presque médicale du fait social, en distinguant le normal et le pathologique. La conscience morale de chaque individu est l'intériorisation des contraintes institutionnelles par l'individu. Il y a donc des sociétés que l'on peut juger malsaines, et Durkheim définit à ce titre l'anomie, qui est une forme pathologique de la division du travail, celle où il n'existe pas de réglementation, ou seulement une réglementation insuffisante dans les règles légales instituant les fonctions spécialisées et réglant leur rapport.

4 PRINCIPALES ŒUVRES

Dans son premier livre, qui est sa thèse, De la division du travail social (1893), Durkheim définit une véritable typologie de la vie en société, construite à partir de deux types possibles, la solidarité mécanique, qui se caractérise par le fait que les individus s'imitent les uns les autres en se conformant à une société qui les transcende, et la solidarité organique, qui se définit par la fusion des individus et de la société dans le cadre d'une véritable division du travail.
Les Règles de la méthode sociologique (1895) traite de la spécificité de la sociologie : celle-ci consiste en l'observation des faits sociaux et des faits physiques, dans la distinction du normal et du pathologique, dans l'irréductibilité des faits sociaux à d'autres faits, notamment psychologiques et biologiques.
Son ouvrage le Suicide (1897) a marqué des générations de chercheurs, dans la mesure où Durkheim y a appliqué avec rigueur sa méthode à un phénomène que l'on regardait jusqu'alors comme individuel. Pour Durkheim, le taux de suicides ne peut s'expliquer qu'à partir d'une analyse globale de la société ; il montre que celui-ci varie en proportion inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu.
Dans les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), Durkheim s'efforce de montrer que les représentations religieuses sont, en fait, des représentations collectives : l'essence du religieux ne peut être que le sacré, tout autre phénomène (comme le transcendant) ne caractérisant pas toutes les religions. Le sacré, être collectif et impersonnel, représente ainsi la société elle-même.
L'apport de Durkheim à la sociologie est fondamental, en ce sens que sa méthode, ses principes et ses études exemplaires, comme celle sur le suicide, constituent jusqu'à nos jours les bases de la sociologie moderne.

Posts les plus consultés de ce blog

La division du travail chez Karl Marx

La division du travail chez Karl MARX. L'analyse de la division du travail tiens également une place particulière dans la pensée marxienne. Elle est un moyen de faire du profit et sert le dessein (projet) de la classe dominante, mais elle conduit aussi à la séparation entre les hommes, à la constitution des classes et à leurs conflits. MARX cherchera dans le capital à retracer l'histoire de la division capitaliste du travail. Il part de la période manufacturière, car la manufacture est le véritable point de départ de la production capitaliste, en ce sens qu'elle va rassembler les ouvriers dans le même espace de travail. Si l'habilitée de métier reste le fondement de la manufacture, chaque ouvrier y occupe une fonction parcellaire. Le développement de la division du travail dans la période manufacturière se traduit pas une subdivision des opérations productives, par une parcellisation des fon...

Traiter les faits sociaux comme des choses (Fabien Bekale)

          Dans Les règles de la méthode sociologique, œuvre écrite en 1895 par Emile Durkheim, sociologue français du XIXe siècle, l’auteur résume l’objet de la sociologie et la méthode à appliquer pour pratiquer cette discipline. Dans cet ouvrage, le projet sociologique de l’auteur, considéré comme le père de la sociologie française, apparait clairement. Il cherche en effet à fonder la sociologie comme une science nouvelle et à l’établir institutionnellement ; ce livre répond à cette ambition ou il définit les règles méthodologiques à suivre pour une étude sociologique. La première règle et la plus fondamentale résulte de l’idée selon laquelle « il faut traiter les faits sociaux comme les choses ». Il s’agira d’abord de définir le concept de fait social...

Classe sociale, Marx, Weber et Bourdieu.

Karl Marx 1818 - 1883 Grâce à son analyse de la société industrialisée et capitaliste, Karl Marx a mis en évidence l’existence de classes sociales, groupements d’individus partageant des intérets communs. Les deux principales classes sont la bourgeoisie capitaliste : personnes disposant du capital et propriétaires des moyens de productions, qui ont donc le pouvoir d’embaucher les prolétaires : personnes n’ayant que leur force de travail et qui sont exploitées et dominées économiquement par les bourgeois. Ces deux classes opposées et irréductibles constituent une approche bipolaire de la société. Marx distingue donc une classe sociale grâce à trois critères : sa place dans les rapports de production (« en soi »), le sentiment d’appartenance à un groupe ayant des intérets communs ou conscience de classe (« pour soi ») et les rapports conflictuels qu’elle entretient avec les autres classes. Enfin, Marx élabore son analyse selon une démarche holiste d’après laquelle le comportement des ind...

Trois critères de la classe sociale selon Karl Marx

Trois critères de la classe sociale selon Karl Marx -La place dans les rapports de productions. Les membres d'une même classe partagent la même place dans les rapports de production c'est à dire avec un rôle particulier des productions des circulations et de la distribution des richesses. -La participation aux antagonismes sociaux, car selon Marx "c'est dans la lutte et par elle que les classes se constituent, se structurent, prennent conscience d'ellesmêmes". -La conscience de classe est un sentiment d'appartenance à une classe sociale liée à l'existence d'intérêts communs. Surtout la conscience de classe des prolétaires qui se développera avec la lutte des classes. La pensée de Marx est une interprétation du caractère contradictoire et antagoniste de la société capitaliste. Il existe en effet deux (2) formes de contradictions: -entre la force de production et rapport de production: la bourge...

Emile Durkheim déterminisme ou holisme?

Durkheim le déterministe ? Durkheim l'holiste ? Durkheim fut à maintes reprises accusé de déterminisme et d'holisme (Raymond Aron en particulier attaquerait l'holisme supposé de Durkheim) à cause de ses positions et sa méthodologie. D'autres critiques vont aussi loin en affirmant que Durkheim est anti-individuel, et qu'il ne laisse aucune place à l'individu dans ses théories. Dans ce sens, Durkheim est souvent comparé à Max Weber, qui privilégie l'individu dans ses analyses87. En effet, quelle liberté reste-t-il à l'homme dans l'œuvre de Durkheim ? Quelle est la place de l'individu dans l'œuvre de Durkheim ? Bien que Durkheim tentait d'expliquer les phénomènes sociaux à partir des collectivités, il laisse bien la place aux individus et au libre arbitre dans ses théories et ses analyses, et les accusations de déterminisme ou de holisme manquent de prendre en compte et interpr...