Frédéric Le Play
Le Play (1806-1882), ingénieur français qui fut l'un des promoteurs de l'ethnographie et contribua par ses travaux et son autorité à la reconnaissance des sciences sociales naissantes en France.
Né à La Rivière-Saint-Sauveur (Calvados), dans une modeste famille chrétienne, polytechnicien, Frédéric Le Play effectua l'essentiel de son parcours professionnel à l'École des mines. Il fit ses débuts professionnels comme ingénieur métallurgiste, ce qui lui permit de voyager dans divers pays européens en voie d'industrialisation. Il se tourna rapidement vers l'étude du travail, de la vie domestique et de la condition morale du monde ouvrier, fondée sur l'observation directe. Son ouvrage les Ouvriers européens (1855), qui présente trente-six monographies — réalisées dans toute l'Europe — de familles ouvrières, déboucha sur un projet ambitieux : la constitution d'un échantillon de familles dont l'évolution était appréciée à partir du budget familial — indicateur chiffré de leurs divers choix de vie —, ce qui donna lieu à la parution des Ouvriers des Deux Mondes (dont le premier volume fut publié en 1856).
Catholique, politiquement conservateur et hostile à la Révolution française, il parvint au sommet de sa carrière sous le second Empire : Napoléon III, séduit par les préoccupations sociales qui marquaient ses travaux, le nomma sénateur en 1867, et encouragea son entreprise en le chargeant de l'organisation de l'Exposition universelle de 1867. Il fonda également en 1857 la Société internationale des études pratiques d'économie sociale, qui formulait explicitement le projet de réformes à soumettre aux autorités politiques, et publia en 1864 la Réforme sociale, ouvrage dans lequel il exposa les principes d'organisation sociale : il préconisait le rétablissement du patronage afin d'endiguer la progression du socialisme, le retour à la famille souche, le respect absolu de la propriété privée.
Le mouvement le playsien prolongea son œuvre après sa disparition, notamment par le biais des Unions de la paix sociale qui comptèrent jusqu'à 3 000 adhérents en 1884, et de la Réforme sociale, qui devint une revue à partir de 1881.