Norbert Elias
1 PRÉSENTATION
Elias (1897-1990), sociologue allemand.
2 LA PÉRIODE ALLEMANDE
Né à Breslau, Norbert Elias est mobilisé durant la Première Guerre mondiale puis entreprend, dès 1918, des études de philosophie et de médecine (universités de Breslau, Heidelberg et Fribourg). Abandonnant rapidement la médecine au profit de la philosophie, il soutient en 1924 une thèse de doctorat en philosophie de l’histoire. Intéressé autant par l’histoire que par la sociologie, il rejoint en 1925 l’université de Heidelberg où Alfred Weber accepte de diriger son habilitation. Proche de Karl Mannheim, il accompagne ce dernier lorsqu’il est promu à l’université de Francfort et reste son assistant jusqu’en 1933. Cette même année, il présente sa thèse d’habilitation consacrée à l’étude sociologique de la société de cour aux XVIIe et XVIIIe siècles.
3 LES ANNÉES SOMBRES
D’origine juive, il est contraint à l’émigration en 1933. Il se rend d’abord à Paris avant de s’installer à Londres en 1935. Les quatre années qu’il y passe sont exceptionnellement fécondes : il achève en 1939 son œuvre majeure, Über den Prozeß der Zivilisation (traduite en français en deux volumes sous les titres la Civilisation des mœurs et la Dynamique de l’Occident [1969]), consacrée à la genèse de la civilisation occidentale tant du point de vue macrosociologique (« sociogenèse » de l’État moderne) que microsociologique (« psychogenèse » de l’habitus de l’individu moderne). L’ouvrage ne reçoit dans un premier temps aucun écho.
Gagnant tant bien que mal sa vie pendant la Seconde Guerre mondiale en donnant des conférences à la London School of Economics, Norbert Elias obtient en 1945 une embauche au sein de l’Adult Education Centre. En 1954, l’université de Leicester lui offre un poste d’enseignant-chercheur. Il y restera jusqu’à l’âge de la retraite. Travailleur acharné, il produit beaucoup, mais publie peu. Parmi les ouvrages écrits durant cette période, un seul porte son nom : The Established and the Outsiders, publié en collaboration avec J. L. Scottson.
4 UNE RECONNAISSANCE TARDIVE
Ce sont les rééditions, en 1969, de son étude sur la Société de cour et surtout de Über den Prozeß der Zivilisation, ainsi que la publication de Qu’est-ce que la sociologie ? (Was ist Soziologie ?) qui lui permettent à un âge déjà avancé de sortir de l’anonymat. Sa notoriété grandissante lui offre l’occasion de retourner sur le continent : d’abord, en 1975, aux Pays-Bas, puis, à partir de 1979, à l’université de Bielefeld. Parallèlement, son élève Michael Schröter lance un programme de publication d’ouvrages et d’articles qui sommeillent dans les tiroirs. Dans les années quatre-vingt, qui marquent la reconnaissance de Norbert Elias comme l’un des plus grands sociologues du siècle, huit ouvrages majeurs voient ainsi le jour, parmi lesquels Engagement et distanciation : contribution à la sociologie de la connaissance (1983), Du temps (1984), la Société des individus (1987), et Norbert Elias par lui-même (1990).
5 GRANDES ORIENTATIONS
Quatre grandes orientations se dégagent de l’œuvre de Norbert Elias : une théorie générale de la civilisation sous l’angle en particulier de l’histoire de l’État, une méthodologie fondée sur les concepts de configuration et de processus, une théorie sociologique de la connaissance comme système de symboles, enfin, une approche intégrative des sciences humaines associant la sociologie à l’histoire et la psychologie.