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Citoyenneté différenciée

Citoyenneté différenciée

La « citoyenneté différenciée » est un concept qui a été introduit au début des années 1990 par Iris Young, professeure de sciences politiques à l'université de Chicago. C'est une notion qui s'oppose à celle d'universalisme. L'universalisme est l'idée, formulée par exemple dans l'article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, selon laquelle il n'y a pas de distinction à faire entre les citoyens : « Tous les Citoyens [sont] égaux [aux yeux de la Loi] selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ». Puisque tous les citoyens sont supposés égaux « sans distinction », il est impossible de légiférer de manière à favoriser un groupe plutôt qu'un autre. (C'est ainsi que, en 1982, une proposition de loi visant à instaurer un quota de femmes dans les conseils municipaux avait été rejetée par le Conseil Constitutionnel.) La sociologue belge Bérengère Marques-Pereira explique que, pour Iris Young, cet universalisme est une idéologie hypocrite puisqu'elle empêche de remédier aux inégalités existantes ; elle « ne fait que perpétuer les discriminations de fait » (Marques-Pereira, 2002). Young se prononce donc, à l'inverse, pour ce qu'elle appelle une « citoyenneté différenciée », c'est-à-dire le droit pour chaque groupe de proposer des politiques fondées sur ses intérêts propres. Elle préconise par exemple de disposer d'un droit de veto lorsque des politiques risquent de discriminer le groupe. D'une certaine manière, le concept de « citoyenneté différenciée » recouvre celui de « discrimination positive » tout en l'élargissant. Mais, pour certains féministes, mettre en place des quotas serait la porte ouverte à une vision essentialiste : cela reviendrait à admettre l'idée que l'inégalité entre hommes et femmes est naturelle puisqu'il faudrait avoir recours à la loi pour la compenser. (d'après Marques-Pereira, 2002, pp. 4-5 ; Siim, 1997, pp. 48-49)

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