Critique interne et Critique externe (sociologie du journalisme)
Définition: Les critiques internes sont celles « qui s'appuient sur le sens des valeurs propre aux gens que l'on critique ». Logiquement, ce sont aussi « celles qui ont le plus de chances d'être entendues par ces derniers et donc d'entraîner parmi eux des attitudes correctives » (Lemieux, 2000, p. 8).
Explication (par Cyril Lemieux). « La distinction entre critique interne et critique externe est due notamment à Michael Walzer. Dans le cas qui nous intéresse, "critique interne" ne veut pas du tout dire "critique menée dans les entreprises de presse" ni "critique menée par les journalistes eux-mêmes". La critique interne se définit comme une critique qui prend appui sur les normes que la personne critiquée prétend elle-même vouloir respecter. Autrement dit, c’est une critique qui consiste à reprocher à une personne une contradiction entre les normes qu’elle prétend vouloir respecter et son comportement. Par exemple, cela peut consister à dire à un journaliste : "Vous nous dites que vous tenez beaucoup à la séparation des faits et des commentaires. Là, je vous donne un exemple que vous ne l’avez pas fait." ; "Vous nous dites que, pour vous, c’est très important de recouper l’information mais, là, visiblement, vous ne l’avez pas fait." La critique externe, à l’inverse, est une critique qui oppose aux normes que la personne veut respecter d’autres normes qu’elle ne prétend pas vouloir respecter. C’est, par exemple, une critique qui dirait : "La règle de séparation des faits et des commentaires est une règle absurde qu’il faut bannir de l’univers journalistique. C’est une règle tout à fait hypocrite" ou "intenable", etc. Dans ce cas, on critique non pas le manque de respect des normes, mais les normes elles-mêmes (au nom d’autres normes, forcément). » (Lemieux, 09/01/2007 ; retranscription : Ian Eschstruth)