Espace public
Définition: (selon Mattelart et Neveu). « ensemble des institutions politiques, médiatiques, dans lesquelles une société se met en visibilité, organise le débat sur ses valeurs et son fonctionnement » (Mattelart, Neveu, 2003,p. 58)
Définition 2: (selon Macé). « espace symbolique et politique de débats publics et collectifs concernant les affaires publiques » (Macé, 2003, p. 55)
Définition 3: (selon Habermas expliqué par Fraser). « La notion de "sphère publique" au sens de Habermas [désigne] un espace, dans les sociétés modernes, où la participation politique se concrétise au moyen de discussions. C'est l'espace où les citoyens débattent de leurs affaires communes, et donc une arène institutionnalisée d'interaction du discours. D'un point de vue conceptuel, cette arène est distincte de l'État, car il s'agit en effet d'un lieu de production et de circulation de discours qui peuvent, en principe, critiquer l'État. La sphère publique selon Habermas est aussi différente, d'un point de vue conceptuel, de l'économie officielle ; ce n'est pas une arène de relations marchandes, mais plutôt une arène de relations discursives, c'est plus un théâtre de débats et de délibérations qu'un lieu d'achat et de vente. » (Fraser, 1992, 2001, p.129)
Explication: (par Rieffel). « L'espace public peut [...] être caractérisé en quelques mots comme un espace à la fois matériel (il est constitué de scènes et d'arènes très diverses) et surtout symbolique (il relie entre eux des individus très différents), résultat d'un vaste /p. 239/ mouvement d'émancipation valorisant la liberté individuelle, accessible en principe à tous les citoyens pour formuler une opinion publique, qui requiert un vocabulaire et des valeurs communs afin que des acteurs politiques, économiques, sociaux, religieux, culturels puissent discuter, s'opposer et se répondre. Il suppose, pour que des arguments rationnels soient échangés, non seulement l'existence d'une éthique de la discussion (au sens de Habermas), mais aussi d'une réelle force de conviction. // Cet espace qui est au fondement de la démocratie ne se réduit pas à une réalité conceptuelle : il est un champ de luttes symboliques où s'affrontent les points de vue des différents acteurs sociaux. Le débat public est rendu possible par un ensemble de médiations que sont les débats parlementaires, les partis politiques, les associations de la société civile et les médias. Il s'incarne donc dans des réalités empiriques très diverses (la rue, les marchés, les mobilisations collectives de toutes sortes – pétitions, manifestations, meetings –, les médias, etc.), est ouvert et en constante évolution. Dans ce processus de construction du débat public, les médias semblent aujourd'hui jouer un rôle majeur : la presse, la radio, la télévision, mais aussi de plus en plus Internet sont devenus des outils de médiation grâce auxquels les citoyens peuvent, en principe, délibérer publiquement des questions relevant de la collectivité, c'est-à-dire de l'intérêt général. » (Rieffel, 2005, pp. 238-239)