Existentialisme
Explication: « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après. [...] Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir. L'homme est non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut [...], l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. Tel est le premier principe de l'existentialisme. » (Sartre, 1945, pp. 29-30).
Quel intérêt pour la sociologie ? De l'idée que « l'existence précède l'essence » découle l'idée que l'être humain est « tel qu'il se conçoit », qu'il est acteur de sa vie. Sartre formule donc une vision sans doute assez proche de ce que sera l'individualisme méthodologique et, par conséquent, très éloignée de la vision structuraliste (selon laquelle l'être humain n'est pas acteur puisqu'il dépend de structures sociales). L'existentialisme présente donc un intérêt surtout pour les individualistes méthodologiques. Sartre affirme par exemple : « Si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est. Ainsi, la première démarche de l'existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence. » (ibid., p. 31) ; « il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté. » (ibid., p. 39) ; « quel que soit l'homme qui apparaît, il y a un avenir à faire, un avenir vierge qui l'attend » (ibid., p. 40) ; « il n'y a de réalité que dans l'action ; [...] l'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie. D'après ceci, nous pouvons comprendre pourquoi notre doctrine fait horreur à un certain nombres de gens. Car souvent ils n’ont qu’une seule manière de supporter leur misère, c’est de penser : "Les circonstances ont été contre moi, je valais beaucoup mieux que ce que j’ai été [...]" » (ibid., pp. 51-52) ; « si, comme Zola, nous déclarions [que les gens] sont [veules, faibles, lâches ou mauvais] à cause de l'hérédité, à cause de l'action du milieu, de la société, à cause d'un déterminisme organique ou psychologique, les gens seraient rassurés, ils diraient : voilà, nous sommes comme ça, personne ne peut rien y faire ; mais l'existentialiste, lorsqu'il décrit un lâche, dit que ce lâche est responsable de sa lâcheté. [...] il est comme ça parce qu'il s'est construit comme lâche par ses actes. » (ibid., p. 54).