Foule
Définition: (selon Gabriel Tarde). Pour Tarde, la foule est « un faisceau de contagions psychiques essentiellement produites par des contacts physiques » (1901, 1989, p. 32). Elle doit être distinguée du public dans lequel on a affaire à « une dissémination d'individus physiquement séparés » (p. 31). Tarde porte un regard très négatif sur les foules : « les foules se ressemblent toutes par certains traits : leur intolérance prodigieuse, leur orgueil grotesque, leur susceptibilité née de l'illusion de leur toute-puissance [...]. » (p. 54) « La grande excuse des foules, dans leurs pires excès, c'est leur prodigieuse crédulité, qui rappelle celle de l'hypnotisé. » (p. 66) Et encore : « Les foules ne sont pas seulement crédules, elles sont folles. » (p. 67)
Typologie des foules (selon Gabriel Tarde). Selon Tarde, « les foules peuvent présenter quatre manières d'être, qui marquent les divers degrés de leur passivité ou de leur activité. Elles sont ou expectantes, ou attentives, ou manifestantes, ou agissantes. » (1901, 1989, p. 56) « Les foules expectantes sont celles qui, réunies dans un théâtre avant le lever du rideau, ou autour d'une guillotine avant l'arrivée du condamné, attendent que le rideau se lève ou que le condamné arrive ; ou bien celles qui, accourues au devant d'un roi, d'un impérial visiteur, d'un train qui doit apporter un homme populaire, tribun, général victorieux, attendent le cortège du souverain ou l'arrivée du train. » (p. 56) « Les foules attentives sont celles qui se pressent autour d'une chaire de prédicateur ou de professeur, d'une tribune, d'un tréteau, ou devant une scène où se joue un drame pathétique. » (p. 57) Les foules manifestantes sont celles qui « manifestent leur conviction ou leur passion amoureuse ou haineuse, joyeuse ou triste » ; elles « [promènent] en procession des bannières et des drapeaux, des statues, des reliques, parfois des têtes coupées au bout d'une pique » (p. 58). Enfin, les foules agissantes, par définition, sont des foules qui sont dans l’action. Elles se divisent « en foules d'amour et foules de haine » (p. 59).