Identité
Définition: (selon Castells). « J’appelle "identité" (quand le terme s’applique aux acteurs sociaux) le processus de construction de sens à partir d’un attribut culturel, ou d’un ensemble cohérent d’attributs culturels, qui reçoit priorité sur toutes les autres sources. Un même individu, ou un même acteur collectif, peut en avoir plusieurs. Mais cette pluralité d’identités engendre des tensions et des contradictions, tant dans l’image qu’il se fait de lui- même que dans son action au sein de la société. » (Castells, 1999, p. 17)
Différence entre identité et rôle. « Il ne faut pas confondre l’identité avec ce que les sociologues appellent traditionnellement les "rôles" ». Les rôles, c’est par exemple « ouvrière, mère, voisine, militante, socialiste, syndiquée, basketteuse, chrétienne et fumeuse. Les rôles sont définis par des normes que déterminent les institutions et les organisations de la société. Les identités, elles, sont sources de sens pour les acteurs eux- mêmes. Certaines peuvent aussi, bien sûr, coïncider avec des rôles sociaux – par exemple, quand être père est l’autodéfinition la plus importante d’un acteur à ses propres yeux. Disons, pour faire simple, que les identités organisent le sens, tandis que les rôles organisent les fonctions. » (Castells, 1999, p. 17)
Exemple. Les quatre formes d’identité professionnelle des salariés d’entreprise. Des chercheurs du Laboratoire de sociologie du travail, de l’éducation et de l’emploi (Université Omar Bongo) ont mené, entre 1986 et 1989, une enquête dans six grandes entreprises privées. Ces chercheurs ont mis en évidence l’existence de quatre formes identitaires, autrement dit de quatre types de rapports des salariés avec leur travail : « identité de hors travail repérée dans les discours où le travail est considéré comme un simple emploi "pour le salaire" et ne fournit aucune ressource identitaire, contrairement à l'espace "hors travail" (domestique, ludique, associatif, etc.) ; identité d'entreprise quand le travail est exprimé comme un engagement et une mobilisation pour la réussite de l'entreprise, condition de sa réussite dans "l'entreprise", celle-ci fournissant les éléments d'identification de soi ; identité catégorielle quand le travail est défini comme une spécialité, un métier dans lequel on veut progresser, au sein d'une "catégorie" et de son système de qualification (P1, P2, P3 par exemple pour les ouvriers ou programmeurs, analystes, chefs de projet pour les informaticiens) mais dont le parcours est décrit comme "bloqué" du fait des nouveaux modes de gestion de l'entreprise ; identité de réseau enfin quand le travail actuel n'a de sens que s'il est connecté à la réalisation d'un "projet", composante de la réalisation de soi impliquant la coopération avec les membres d'un "réseau" qui constitue, in fine, l'espace d'identification. ».