L’interactionnisme ou la Seconde École de Chicago
I- Les origines du courant interactionniste
L’école de Chicago est un courant de pensée sociologique qui a été créé en 1892, au laboratoire de sociologie de l’université de Chicago.
Son objectif premier a été de comprendre comment les individus vivaient dans cette ville, mais aussi d’améliorer les conditions de vie des citadins. Pour se faire, ils ont mis au point des méthodes de recherche et des concepts originaux, encore utilisés aujourd’hui. Les deux fondateurs de cette école de sociologie sont Park et Thomas, qui ont tous deux été influencés par Simmel.
C’est un courant qui prend naissance dans les Etats-Unis, dans le contexte de l’école de Chicago mais qui va surtout se développent dans les années 50-60, et aussi dans l’école de Chicago. Multiples tendances interactionnistes, école très diverse. Par exemple, le modèle théâtrale (Goffman, la mise en scène de la vie quotidienne, ou sociologie de la déviance de Becker). Ces deux sociologues sont issus du cadre d’analyse qu’on appelle interactionnisme.
II – Les prémisses de l’interactionnisme
Ils sont élaborés à travers le courant pragmatique et qui a été conceptualisé par John Dewey (1859-1952). C’est un courant qui se développe dans l’université de Chicago, et c’est une conception dite « expérimentale », dit également conception instrumentaliste de la vérité : pour ce courant, les concepts constituent des hypothèses qu’il faut mettre à l’épreuve des faits. Ainsi, les idées sc sont basées sur l’expérience, sur une dimension empirique. Comprendre la société nécessite naturellement de faire des enquêtes.
Un autre concept qui va permettre l’émergence de ce courant : l’école de Chicago (sous la direction de William Thomas et Robert Park). Une sociologie très empirique, qualitative, qui développe des techniques d’enquête particulière. Plus la ville de mouvements et changements perpétuels, lieu d’échanges (Chicago). On voit comment un milieu peut influencer la réalité dimension sociologique.
Mead : les activités sociales doivent être considérées comme produite par les activités interagissantes des acteurs. ON doit se baser sur la conception que ce font les acteurs sociaux du monde social. c’est évidemment le contrepied de la théorie de Durkheim. Mead est considéré comme l’inspirateur de cette démarche interactionniste, même si ce terme a été conceptualité rétrospectivement par Herbert Blumer (1900-1987). Pour Blumer lui les choses dépendent du sens qu’elles ont pour l’individu et ce sens est construit et modifié au sein d’interaction avec autrui. => les interactions modifie non seulement notre perception sociale mais également le sens de cette perception. De ce point de vue-là, l’interactionnisme revient à étudier l’acteur en relation avec sa réalité sociale.
Dans les années 1950, institutionnalisation avec la création de l’étude de l’interaction symbolique.
La démarche interactionniste : prend le contrepied des analystes quantitatives. D’un point de vue méthodologique, notamment de la méthode d’enquête, ils empruntent aux ethnologues d’une part car ils ont une démarche qualitative et parce qu’ils privilégient les espaces restreins. D’où la notion d’observation « in situ » : sur le terrain, au sein de l’action. Une lutte scientifique se développe entre les interactionnistes qui critiquent les quantitativistes (par ex au niv de l’élaboration des questionnaires l’arbitraire de la variable). Les quantitativistes de leur côté critiquent l’imprécision des études qualitatives, la subjectivité de l’observateur, le défaut des échantillonnages etc.
Pour les interactionnistes, La réalité sociale se donne à voir dans l’interaction entre les acteurs. Ils disent que les interactions contiennent tous les éléments de la théorie sociale, donc en gros il suffit de savoir observer, sans chercher au préalable un sens latent (caché). La sociologie interactionniste ne cherche pas à prouver une théorie à travers des faits objectifs. Pour les sociologues interactionnistes, on ne doit pas arriver avec un schéma théorique préétablit (avec des hypothèses déjà construit, des concepts déjà élaborés) et c’est de là que doit émerger la réalité sociale. Il ne s’agit pas de chercher derrière les phénomènes sociaux des structures censées les déterminer. Les interactionnistes ne cherchent pas à expliquer « pourquoi » mais « comment ». (On trouve des différences fondamentales avec le fonctionnalisme). C’est donc à travers les échangesintersubjectifs qui intéressent les interactionnistes. C’est ce qui va intéresser Erwing Goffman (La mise en scène de la vie quotidienne).
III – La Sociologie de Goffman
Il compare la société à une scène de théâtre. On (des acteurs) est sans cesse « en représentation ». L’interaction entre deux individus : système social en miniature dans lequel se donne à voir cette mise en scène. On a l’acteur qui est en interaction avec d’autres individus qui constituent le public. Nos actions se font en fonction de ce public et s’adapte au public évidemment. Toute interaction met en œuvre un jeu dramatique et dans ce jeu, Goffman nous dit que les acteurs développent un ou plusieurs rôles. Et là on voit une certaine influence de la sociologie de Merton et Linton, avec notamment leur conceptualisation du rôle et du statut. ( Goffman n’était pas du tout fonctionnaliste mais s’était juste inspiré).
Pour les interactionnistes, il faut savoir saisir les interactions au plus près (d’où ils ont souvent privilégié l’observation participante comme Becker qui a étudié les musiciens de Jazz et d’ailleurs a été lui-même musicien de Jazz. Goffman s’était passé pour un malade mental dans un asile psychiatrique).
Dimension de face à face pour Goffman (fondamental).
Pour Goffman, le « moi » (notion psychologique) c’est ce que les individus montrent d’eux-mêmes et le moi s’adapte aux exigences sociales. Et selon les situations, on n’adopte pas la même présentation de soi, on l’adapte en fonction des différentes situations auxquelles on est confronté. Saisir les interactions impliquent une méthode particulière -> l’observation (soit non participante qui repose sur le principe de ne pas perturber, ne pas interagir dans les interactions que l’on observe, ou participante qui peut amener le sociologue à provoquer des interactions et ce qui peut être source sur le terrain qu’on étudie.
On parle de mise en scène = les individus attendent à ce qu’on remplit certains rôles. Si on ne le fait pas, on peut être confronté au « stigmate ». A travers celui-ci on s’intéresse à la façon dont les acteurs frères leurs identités lorsque celle-ci a été discréditée. Comment les individus tentent d’échapper au stigmate ou du moins d’en atténuer les effets ?
Deux formes de stigmates :
– contre lesquels on ne peut rien, qui sont dues par exemple à notre apparence physique (par ex handicapé), couleur de peau, le fait de ne pas maitriser la langue du pays dans lequel on vit
– ceux qui traduisent une dissociation entre l’identité supposée et l’identité réelle (entre ce qu’on attend de la personne et son identité réelle).
Le terrain privilégié est la conversation. Il n’est de conversation qui ne soit contraignante, à travers celle-ci on s’adapte à différents codes. (ex : faute de langue, erreur de langage qui va travailler le fait de ne pas avoir fait étude, l’origine etc). Un des moyens d’échapper au stigmate -> retournement du stigmate ou sous appropriation.
Conclusion : les critiques adressés à ce courant interactionniste :
– que les interactionnistes réduisent le fonctionnement social aux seules interactions, au seul échange langagier de la vie quotidienne. Ainsi, sont ignorés les facteurs institutionnels mais également tous les processus sociaux latents. Puisque les règles, les normes sociales s’imposent à nous sans que nous en ayons conscience. Le courant interactionniste passe à côté de ces phénomènes sociaux latents toues ces normes qui s’imposent à nous, tus ces phénomènes dont nous n’avons pas conscience. Il n’y a plus vraiment de sociologie interactionniste mais il y a quelques sociologues qui dans certaines situations peuvent recourir à la démarche, la méthode et l’analyse interactionniste.