Relativisme cognitif
Définition: Le relativisme cognitif est « l’idée selon laquelle les affirmations de fait, qu’il s’agisse des mythes traditionnels ou des théories scientifiques modernes, ne peuvent être considérées comme vraies ou fausses que "par rapport à une certaine culture". » (Bricmont, Sokal, 1997, 1999, p. 18) « Le relativisme cognitif s’est développé à partir des années 70 surtout dans le monde anglo-saxon et s’est répandu plus tard en France. » (ibid., p. 302) Aujourd’hui, c’est une idée « bien plus répandue dans le monde anglo-saxon qu’en France ». (ibid., p. 18)
Dénonciation du relativisme cognitif. Bricmont et Sokal expliquent, à travers un exemple, que cette idée est tout bonnement fausse : « il existe au moins deux points de vue sur l’origine des Indiens d’Amérique. La théorie généralement acceptée, et fondée sur de nombreuses données archéologiques, est que leurs ancêtres sont venus d’Asie. Mais certains mythes créationnistes indiens soutiennent que leurs ancêtres ont émergé d’un monde souterrain peuple d’esprits. Un reportage du New York Times (22 octobre 1996) observe que beaucoup d’archéologues, "tiraillés entre leur tempérament scientifique et leurs sentiments favorables aux cultures qu’ils étudient... se rapprochent d’un relativisme postmoderne pour lequel la science est simplement un système de croyances parmi d’autres". Par exemple, un anthropologue britannique, Roger Anyon, qui a travaillé parmi le peuple Zuni, déclare que "la science n’est qu’une façon parmi d’autres de connaître le monde. (...) (La vision du monde des Zunis) est aussi valide que le point de vue archéologique sur ce qu’est la préhistoire". S’il entend le mot "connaître" au sens traditionnel, son assertion est simplement fausse : les deux théories en question sont mutuellement incompatibles, donc ne peuvent pas être toutes deux vraies . L’anthropologue s’est probablement égaré en mélangeant ses sympathies culturelles à ses théories. Mais aucun argument ne peut justifier une telle attitude. Nous pouvons parfaitement défendre les revendications légitimes de ceux qui ont survécu à l’un des pires génocides de l’histoire sans accepter de façon naïve (ou hypocrite) les mythes créationnistes traditionnels de leurs sociétés. » (Bricmont, Sokal, 1997, 1999, pp. 286-288)